Ce que je pense de Myriam Belkadhi


Ne pouvant plus travailler « dans des conditions précaires et de grandes incertitudes », Myriam Belkadhi s’est vue contrainte d’arrêter sa collaboration avec Shems FM. Ce qui me plaisait dans son émission du matin, c’est que, malgré les exigences dont elle devait prendre en compte (insertion de quelques blagues légères pour donner un côté fun à l’émission, mise en lumière d’une actualité un peu trop politico-politicienne), elle réservait une place de choix à la culture, notamment aux livres.
 
En effet, comparée aux autres émissions qui passent tous les matins à la radio, celle de Myriam Belkadhi se distinguait par un certain raffinement et le choix de ses programmes était dicté par le bon goût. Or, pour qu’une radio privée ou semi-privée réussisse en Tunisie, il faut ostraciser les meilleurs, bannir toute élégance et répondre aux goûts de la populace.  Il suffit de regarder du côté des radios populacières pour repérer les principaux ingrédients de la recette des matinales radiophoniques les plus populaires et, d’une façon générale, des programmes qui rencontrent un franc succès dans le domaine des médias audiovisuels ; à savoir : des matinales présentées par des têtes à claques réactionnaires et dans lesquelles règnent une atmosphère de médisance et de conformisme intellectuel ou bien des émissions consacrées à l’« art et à la culture » balisées de chausse-trappes, notamment quand il s’agit d’un(e) invité(e) qui a jeté aux orties conventions sociales et morale établie.
 
Ces émissions-là sont menées avec une mentalité de l’ignorance le dispute à la malveillance.  Sans oublier la playlist composée de libaniaiseries, d’égyptâneries, de chansons tout droit sorties des cabarets égyptiens, avec les sujets sociétaux très sensibles traités à grands renforts de moraline et ce, en prenant soin de ne pas sortir du carcan de la bien-pensance et en confortant la plèbe dans ses convictions moyenâgeuses.
 
En outre, et ce n’est pas à mes yeux le moins important, pour qu’une émission se fasse une petite place au soleil, il faut que l’animateur évite de projeter l’image d’une personne francophone et francophile.
Et, quand on recourt à la langue française, il faut bien la massacrer et prendre une voix efféminée quand on est un mec avant de prononcer un mot en français pour ne pas réveiller certains complexes et prouver qu’on n’est pas un bourgeois déconnecté des réalités miteuses de ce pays et du quotidien des petites gens.
 
Je dirais, en guise de conclusion, que le paysage audiovisuel tunisien appartient aux médiocres. Si vous n’êtes ni l’un ni l’autre, trouvez autre chose.
J'aurais bien aimé conserver ma bonne humeur jusqu'aux premiers jours du mois de janvier, j'en suis navré ! 
 
 
 

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Mohamed Sadok Lejri




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