Adonis et Hayder Hamdi sur la scène de Carthage: l'Alternative et le Rock à l'honneur


Enfin, nous, les fans de la musique alternative/Indie Rock, avons eu la chance d'assister lors de la 56ème édition du festival de Carthage à un concert de deux groupes de la scène musicale alternative maghrébine et orientale, le Tunisien Haydar Hamdi et l'emblématique groupe Rock Libanais Adonis.

Les deux formations revisitent les sonorités locales dans un style poétique qui révèle toute la quintessence du groove maghrébin et oriental entre reggae, rock et pop.

Les paroles des chansons interprétées ou créées par ces artistes captent les maux de nos sociétés, tunisienne et libanaise, dont la réalité est assez identique.

Une harmonie de sonorités orientales et occidentales s’est traduit dans les prestations de deux bandes qui se produisent pour la 1ère fois sur la scène mythique de Carthage.

Les deux groupes ont départagés la soirée dans deux prestations successives, devant des gradins presque vides malheureusement, puisque la majorité des gens écoutent tous ce qui est commercial, vide d'art et de messages, négligeant la vraie musique.

Le groupe Haydar Hamdi, portant le nom de son leader, a ouvert le bal dans une belle prestation. Quoiqu’en face des gradins désertés sauf les quelques fans qui se comptaient par centaines, le groupe tunisien était un peu démotivé.

Le public peu nombreux ne semblait pas déranger leurs collègues d'Adonis, leur prestation donnée dans la seconde partie de la soirée était agréable.

Quant à lui, Haydar Hamdi, poète et chanteur, opte pour des sonorités reggae qui puisent dans le riche patrimoine sonore maghrébin. Durant plus d’une heure, sa prestation était une valse sur des rythmes au style tunisien.

Entourée de Nidhal Jaoua au clavier, Narjess Sâad à la percussion, Slim Abida à la basse et Tarak Mâaroufi à la batterie, Haydar Hamdi avait besoin de la complicité du public pour mieux s’approprier la scène. Les contraintes techniques n’étaient pas également en faveur du groupe.

Le groupe tunisien revisite le répertoire musical national et présente ses propres chansons, telles que "Klam Kadhab", "Klam Sbah" et "Barra Ghanni".

Chez Adonis, la fusion entre les sonorités orientales et occidentales a donné naissance à des oeuvres revisitées dans des arrangements pour tous les goûts.

Le genre musical à tendance occidentale que le groupe Adonis pratique en dialectal libanais trouve un large écho auprès du public arabe en général. Un art étant une arme pacifique contre la laideur de ce monde foutu.

Entre Rock, Indie-Pop, et Alternative, Adonis nous a mené à un autre monde à travers les paroles, les mélodies, des chansons de romance, mots d'amour libanais, et déclaration d'amour à la patrie.

Né en 2011, le groupe qui porte le nom du quartier Adonis, près de Beyrouth, a pu s’imposer durant toute une décennie. Le leader du groupe, Anthony Khoury, claviériste, est aussi parolier, compositeur et interprète. Cet artiste complet issu de l’architecture a su s’entourer d’un groupe composée de Joy Abou Jaoudé à la guitare, Gio Fikany à la basse et Nicolas Hakim à la batterie.

Leur rencontre a donné lieu à une formation musicale assez connue au Liban et en dehors du pays à travers des concerts donnés un peu partout en région arabe et dans le monde.

La poésie des mots s’est associée à la beauté des rythmes pop rock et pop électro qui puisent dans le riche patrimoine musical libanais. Adonis revient sur un quotidien libanais dominé par l’incertitude dans des chansons qui sont un condensé d’émotions et de sensibilité.
Entre "Ma Betmanalak", "A3da"(ennemies), "Shou Awlak", "Men Ajmal Ma", une reprise de l'immortelle chanson "Kifak Enta" de Fairouz, nous avons chanté, dansé et crié.

Leur complicité dans la vie comme sur scène est assez palpable grâce à leur leader, un véritable maestro qui a su rendre la prestation d’Adonis assez remarquable. La notoriété du groupe est acquise au fils des années mais surtout par cette véritable communion sur scène, un aspect largement présent chez les artistes occidentaux.

C'est bien de voir une diversité musicale dans un festival de renommé comme Carthage, surtout, cette nouvelle vague est un genre qui a prévalu le monde arabe depuis les 2010's, une genre qui a beaucoup de messages à transmettre comme la liberté, l'amour, l'acceptation, être différent, rebelle, et être soi-même. Assez des mêmes chanteurs chaque année avec leur musique typique et générique.

Les deux groupes, tunisien et libanais, incarnent une nouvelle vague de musiciens chanteurs qui essayent de se positionner dans une scène musicale ouverte à toutes les tendances.

La scène alternative demeure peu médiatisée et attire un public plutôt jeune qui lui seul connait les codes de ce genre de musique.

 

Ajouter Commentaire

Kabil El Ouerghemmi




Articles de l'auteur

Kabil El Ouerghemmi