Le tunisien et "le mouton de sacrifice": entre boycott et angoisse sociale


Comme chaque année, le citoyen tunisien se plaint des prix élevés des moutons, des dépenses qui pèsent sur lui en période de préparation de l'Aïd al-Adha.  Il se plaint bien évidemment de son faible pouvoir d'achat, de la difficulté d'être responsable de toute une famille, et demande à l'État de l'aider en réduisant les prix des produits de consommation.

Il menace de boycotter, de ne pas acheter "le mouton de sacrifice". C'est une phrase que tout le monde répète chaque année, mais on les voit au milieu des foules pour acheter les moutons, non seulement ici, mais dans les marchés, les magasins, se précipitant, se pressant pour acheter des légumes, les fournitures de l'Aïd, surtout pout leur rituel préféré chaque Aïd"le méchoui"... Oui, c'est le citoyen tunisien qui sacrifie sa pocheau profit de l'Aïd.

L’Aïd-el-Kébir, aussi appelé « la fête du mouton » ou la « fête du sacrifice », commémore le sacrifice que Dieu demanda à Abraham pour éprouver sa foi. C’est un moment de partage et de convivialité qui se déroule en famille ou entre amis.  Mais, le Tunisien a toujours été intéressé par les apparences, le prestige.

En effet, beaucoup de gens considèrent qu'ils devraient acheter des moutons de l'Aïd comme une nécessité de la vie, afin que leurs parents, amis ou voisins ne disent pas qu'ils ne pourraient pas l'acheter. Il y a même ceux qui achètent délibérément un mouton à un prix élevé pour se montrer, et bien sûr le il doit être beau et trapu.

Malheureusement, nous trouvons des gens qui sont obligés d'emprunter à d'autres pour en sécuriser le prix, en particulier, ceux qui ont des enfants, car ils ne veulent pas se briser le Cœur, les privant de la joie de l'Aïd al-Adha, des moments qu'ils veulent passer avec le mouton de l'Aïd, notamment en sortant dans la rue avec les potes, chacun d'eux se vante Avec son mouton, qui est le plus fort ou le plus beau, qui remportera le duel d'un combat ... Nous étions tous des enfants, qui d'entre nous n'a pas vécu ces moments, nous les considérions comme sacrés.  Le père, ou la maman aussi, se retrouve dans une position inimaginable, surtout s'il n'est financièrement pas en mesure de faire des dépenses énormes.

Pourquoi tout cet empressement que l'on voit chez le citoyen tunisien ? Et pas seulement à l'Aïd Al-Adha, mais aussi à d'autres fêtes et occasions, car ils dépensent des centaines de dinars pour chez les pâtisseries lors de Aïd el Fitr ou bien au réveillon. N'était-il pas celui qui se plaignait de la vie chère, n'était-il pas celui qui disait toujours que le salaire ne suffisait pas jusqu'à la fin du mois, n'était-il pas en train de menacer des campagnes de boycott pour faire pression sur les marchands et contre le monopole ... Oui, le citoyen tunisien est un amas de contradictions, c'est lui qui se fait noyer noie endetté ... il se plaint toujours des prix élevés, mais finit par acheter le mouton de sacrifice, il passe les vacances d'été sans rater les festivals d'été... Tout simplement, il veut vivre sa vie.

Quant à moi, personnellement, je ne pense pas qu'il soit obligatoire pour chaque personne d'acheter un sacrifice pour l'Aïd, surtout s'il n'en est pas capable. Le problème est que beaucoup de gens pensent que l'acheter est une nécessité même si ce n'est pas une obligation religieuse, je ne la trouve pas nécessaire, bien que je ne sois pas un spécialiste de la religion, je ne suis pas pratiquant, à mon avis il y a d'autres choses que s'ils le font, ce n'est pas le prix des moutons, des pâtisseries, ou des vêtements.

Il est vrai que l'Aïd al-Adha est une fête sacrée avec laquelle nous avons grandi, dont nos enfants se sont réjouis, mais le prix d'un agneau atteint mille dinars, le prix le plus bas possible est de 700 dinars. Il n'y a pas besoin de faire la fête, surtout que chez beaucoup de personnes la quantité de la viande ne dépassera pas 5 ou 6 jours et se terminent... nous sommes un peuple ayant un petit creux.

Donc, expliquez à vos petits enfants que nous vivons dans un pays qui exploite ses citoyens, et dans lequel il y a des « voleurs » et des monopoleurs, et personne ne peut les dissuader. .... Achetez de la viande et du "foie" et aidez-vous les uns les autres, continuez votre vie sans prise de tête ni réflexion. Ne suffit-il pas que nous souffrions des prix élevés des légumes, des fruits et des conditions de vie difficiles dans ce pays ?

Ce dont nous souffrons est à cause d'une mauvaise mentalité qui s'est installée chez la majorité. Il y a ceux qui achètent plus d'un mouton recherchant la viande la plus délicieuse, il y a ceux qui n'en achètent que pour leurs enfants, ou ceux qui juge cet achat inutile. Certains l'achètent et parlent à tout le monde de son prix. Mais il y a aussi ceux qui se contente d'acheter de la viande même s'ils peuvent acheter tout un mouton. Et d'autres l'achètent en fonction du nombre de membres de la famille. Quant au célibataire, même s'il est riche, il ne s'en soucie pas. 

Le mouton est un sacrifice, non lié à l'état civil ou au nombre d'enfants, ni nécessaire ni obligatoire pour tout le monde.

La raison des prix élevés et le rôle de l'État

Cette année, le prix minimum du kilogramme de mouton vivant a été fixé, qui ne pouvait être vendu à moins de 14 000 millimes, le prix d'un agneau pour une famille de 4 personnes variait entre 550 et 650 dinars.

La hausse des prix des ovins est due à plusieurs raisons, notamment, le prix élevé du fourrage, l'augmentation du coût de son importation de l'étranger, qui incombe au seul éleveur, ainsi que les pratiques de des "spéculateurs" qui jouent le rôle d'intermédiaires entre le vendeur et l'acheteur d'une manière qui conduit à des prix plus élevés.

Le fourrage est fourni de l'étranger, en particulier de l'Ukraine, de la Russie, ou de certains pays de l'Union Européenne, compte tenu de la poursuite de la guerre en Ukraine et de l'affaiblissement du mouvement d'exportation, d'approvisionnement, les prix des céréales, y compris le maïs, le soja, qui sont utilisés comme matières premières pour les aliments composés, ont connu une nette hausse qui s'est directement répercutée sur le prix des ovins.

Par ailleurs,  certaines familles ont choisi face aux prix élevés d'acheter le mouton par facilité, c'est à dire sur une période variant entre quatre et six mois.

Il est à noter que le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche avait indiqué que les sacrifices disponibles pour cette saison étaient estimés à environ 1,6 million de têtes, soulignant que l'ensemble du cheptel est issu de la production locale et est suffisant pour couvrir les besoins.

Une étude présentée par le directeur général en charge de la gestion de l'Institut national de la consommation, Abdelkader Timoumi, sur le comportement et les préparatifs des familles pour l'Aïd al-Adha, a montré que le budget moyen d'acquisition du sacrifice pour cette saison s'élevait à 572 dinars, alors que les dépenses moyennes des préparatifs accompagnant le sacrifice étaient estimées à 160 dinars.

Je termine par dire, personne n'est pas obligé de faire des choses ou de satisfaire certains désirs juste pour ce que pensent les autres de lui.  Au contraire, l'achat du mouton est une conviction personnelle et dépend des moyens financiers. Il ne faut se soucier des autres mais plutôt de notre situation.

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