Révélation alarmante : Les résultats préliminaires de l'enquête nationale sur la violence à l'égard des femmes en Tunisie


L’institut national de la statistique de Tunisie, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la population, ont organisé, le jeudi 07 mars 2024, un atelier de présentation des résultats préliminaires de l’enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes en Tunisie.

La violence à l’égard des femmes est bien plus qu'un simple problème de société ; elle constitue une violation grave des droits humains, fait peser une menace profonde pour l'harmonie sociale et compromet le progrès global du développement. Les données statistiques provenant des enquêtes menées à ce jour attestent de la persistance de ce phénomène, qui exerce un poids significatif sur la société malgré les avancées légales réalisées. Ses racines profondes sont ancrées dans les structures sociales et les valeurs traditionnelles qui perpétuent les inégalités de genre en hiérarchisant les relations entre hommes et femmes.

En Tunisie, pays qui a œuvré dès son indépendance à promouvoir les droits de la Femme, la violence basée sur le genre reste toutefois une réalité préoccupante. Face à cette situation, plusieurs mesures législatives ont été mises en place ces dernières années afin de consolider le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes, éliminer la discrimination fondée sur le genre, et garantir l’intégrité physique et morale de l’individu à l’instar de la loi organique N°2017-58 du 11 aout 2017 relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Afin de mieux orienter les politiques et l’action publique dans ce domaine, l’Institut National de la Statistique a réalisé, fin 2022, une enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes âgées de 15 à 74 ans, portant sur un échantillon de 11610 ménages, représentatif au niveau des grandes régions (District de Tunis, Sud Est, Sud-Ouest, Centre Ouest, Centre Est, Nord-Ouest et Nord-Est). L’objectif principal de cette enquête est de produire des indicateurs quantitatifs permettant de mesurer les manifestations de violence et leurs fréquences ainsi que l’identification des caractéristiques des femmes victimes et des auteurs des agressions.

La violence à l’égard des femmes reste un phénomène qui pèse sur la société tunisienne….

  • La violence à l’égard des femmes reste un phénomène très présent : 84,7% des femmes interrogées déclarent avoir été victimes, depuis l’âge de 15 ans, d'au moins un acte de violence (tous types confondus) et 57,1% ont signalé avoir vécu un épisode au cours des 12 mois précédant l’enquête.
  • La violence morale avec ses deux composantes (psychologique et verbale) est le type de violence le plus fréquent (49,3% au cours des 12 mois précédant l’enquête), suivie par la violence sexuelle (15,6%), la violence économique (11,4%) et enfin la violence physique (5,3%).
  • 14,4% des actes de violence durant 12 mois précédant l’enquête ont été commis dans l’espace virtuel (réseaux sociaux, messageries…).
  • 42,7% des femmes mariées ou divorcées ou veuves ont subi au moins un acte de violence de la part de leur mari ou ex-mari.

Certaines caractéristiques de la population des femmes interrogées seraient plus associées à la prévalence de la violence, tous types confondus. Ainsi, durant les 12 mois précédant l’enquête, la violence aurait touché 73,7% des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, 80% des étudiantes, 70% des femmes ayant un niveau d’instruction supérieur, 63,2% des femmes qui travaillent, 67,4% des femmes célibataires, 59,7% des femmes du milieu urbain (51% des femmes du milieu rural).

Près d'un tiers des femmes déclarent avoir subi au moins d’un épisode de harcèlement sexuel durant les 12 mois précédant l’enquête, notamment sur internet. Les technologies modernes ont créé de nouveaux espaces pour la violence et l'intimidation, avec des conséquences souvent dévastatrices pour les victimes, en particulier les jeunes adolescentes.

L’enquête a montré que pour les adolescentes (15-17 ans), la violence électronique/cybernétique constitue un risque important. En effet, ces jeunes femmes sont très actives sur les réseaux sociaux (83,4% utilisent Facebook, 65,7% utilisent Instagram, 51,4% utilisent WhatsApp, et 68,6% utilisent Tik-Tok), et près de la moitié (47,9%) se connecte avec des personnes inconnues. Il est à noter ainsi que plus d’un tiers des adolescentes (37,1%) ont subi au moins un acte de violence électronique/cybernétique les 12 mois précédant l’enquête.

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