RSF : Quand la sécurité des journalistes est menacée


Sans journalisme, pas de démocratie, car les journalistes sont les garants de notre liberté. Je l’affirmerai et le répéterai encore et encore, même si cela ne suffira probablement jamais. Le journalisme est en effet menacé, et nous devons et voulons le défendre afin de protéger notre liberté si fragile.

La pratique du journalisme est menacée et confrontée à de grandes difficultés dans de nombreux pays du monde. Les journalistes sont en première ligne dans des conflits et des situations qui mettent leur intégrité physique et mentale à rude épreuve. Bien souvent, ils sont impuissants et ne peuvent pas compter sur le soutien de la sphère médiatique et des institutions.

La situation s’est détériorée en raison de la pandémie de Covid-19, qui a servi de cause ou de prétexte à certains gouvernements, partis ou autres forces politiques pour verrouiller encore davantage l’information. Les journalistes ont de plus en plus de mal à enquêter et à couvrir certains sujets sensibles, et pas uniquement en Asie, en Amérique latine ou au Moyen-Orient, mais aussi en Europe.

Le journalisme reste en effet menacé dans plus de 130 pays, dans un contexte aggravé par la pandémie et la désinformation.

Les chiffres montrent que les journalistes rencontrent de sérieux obstacles dans plus de 70 %* des pays, en particulier en Érythrée, en Corée du Nord et au Turkménistan. L’opacité de ces deux derniers États est telle qu’ils ont nié l’existence de tout cas de Covid-19. Sans parler de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, dernier exemple criant des difficultés du métier de journaliste et de l’importance qu’il revêt pour informer correctement la société.
 
Nos peurs nourrissent leur pouvoir. La censure est l’une des conséquences les plus tangibles de ce terrible constat, de nombreux professionnels renonçant à traiter certains sujets par crainte d’en subir les conséquences. Nous connaissons tous des reporters qui ont renoncé à couvrir un sujet par peur des représailles. Or le journalisme a aussi vocation à défendre la transparence et à demander des comptes. Les journalistes peuvent être victimes de stratégies visant à les faire taire lorsqu’ils menacent les intérêts des tout-puissants ou qu’ils dénoncent, au nom de l’intérêt général, les agissements de gouvernements ou de personnalités de premier plan. Ce sont autant de raisons pour lesquelles ils doivent impérativement être protégés. 


Même les tentatives les plus pernicieuses visant à réduire les journalistes au silence, comme menacer de poursuivre en justice un journaliste citoyen ou free-lance qui n’a pas l’appui d’un grand média, ou s’immiscer dans la vie privée d’un reporter, peuvent affecter le travail des journalistes, à tous les niveaux.

Le harcèlement peut pousser les femmes à quitter des secteurs traditionnellement dominés par les hommes, les empêchant toujours un peu plus de faire entendre leur voix. Les femmes journalistes font l’objet d’attaques en ligne démesurément plus nombreuses que leurs homologues masculins, et ce plus encore si elles traitent de sujets comme le sport. Le harcèlement favorise ainsi la disparité entre les sexes au sein des rédactions.

Un mécanisme comparable peut toucher les membres d’autres groupes traditionnellement sous-représentés, tels que les journalistes issus des minorités sexuelles, ethniques, raciales et linguistiques. Traiter de sujets liés à la communauté LGBTQ expose à un risque plus élevé de menaces et représailles. Un rapport d’Amnesty International a par exemple montré que les femmes de couleur sont la cible d’une quantité démesurée d’actes de cyberharcèlement.

Ces menaces grandissantes envers les journalistes issus de communautés traditionnellement sous-représentées les dissuadent de s’investir. La diversité dans les rédactions et les médias audiovisuels pourrait en pâtir, avec comme conséquences des difficultés et des contraintes accrues pour l’ensemble du secteur. Et, in fine, nos libertés brimées et la démocratie étouffée. 

Alors unissons nos efforts pour protéger le journalisme !

*Source – RSF (Reporters sans frontières)

 

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