Tout mon respect à tous les enseignants de mon pays


À partir du milieu des années 80, on a vécu un phénomène nouveau, pour ceux qui s’en rappellent. Lors de l’orientation vers les différentes sections, les élèves les moins bons au point de vue des notes obtenues en classe se voient orientés vers la section « lettres ».

Ils formeront près de 60% d’une cohorte ou d’une classe d’âge qui réussit son baccalauréat. Ils seront répartis sur les établissements universitaires pour poursuivre des études dans les humanités, sans vocation, ni passion, ni envie parfois.
A cette grande majorité d’étudiants supposés être les moins forts lors de leur scolarité secondaire on promet l’obtention d’un diplôme dit « maîtrise » et plus tard « licence » qui leur permettra à leur tour d’enseigner les matières littéraires dans des lycées un peu partout sur le territoire.

Arrivés dans ces établissements secondaires, souvent délabrés, au fin fond du pays, mal logés, souvent très jeunes et non aguerris au métier d’enseignant et les prédispositions pédagogiques nécessaires, ces jeunes professeurs produiront à leur tour 60% d’élèves qui arrivent à l’âge de 19 ans avec un bac « lettres » avec le niveau global qu’on connaît.

Sans vocation ni passion de l’enseignement et à leur tour ces mêmes élèves alimenteront les rangs des profs dans les matières littéraires dans les différents lycées du pays pour produire 60% d’autres littéraires pour enseigner des lettres.
 
Ce cycle sans vocation ni passion ni volonté d’accompagner des apprenants dans des matières aussi passionnantes à priori que la littérature arabe, les lettres françaises, la grammaire anglaise, l’histoire et la géographie, l’éducation civique… se répète pendant 30 ans inlassablement inexorablement pour à la fin produire d’un côté une armée de plusieurs centaines de milliers de chômeurs disposant d’un diplôme du supérieur d’une qualité douteuse mais aussi des « enseignants » qui mettent en place des dispositifs « pédagogiques » d’un autre âge, sans vocation ni passion.

De fait, il ne faut surtout pas s’étonner du niveau des livres scolaires, des fautes de grammaire qui y pullulent pourtant supervisés par des inspecteurs, des fautes de syntaxe sur des supports validés par des commissariats à l’éducation, des fautes d’orthographe qui foisonnent dans des manuels scolaires censés transmettre le savoir, le bon savoir et la connaissance universelle à nos enfants.

Le métier le plus beau du monde se voit dans mon pays galvaudé, malmené, déconsidéré et nos enfants avec les enseignants, avec leurs salaires de misère deviennent à leur insu déclassés socialement chez nous.

Il est pourtant toujours temps de redresser la barre si on en a la volonté, la volonté politique d’abord, la volonté morale ensuite.
Tout mon respect éternel et infini à tous les enseignants de mon pays, souvent victimes eux-mêmes de cette machine infernale.
 

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