Idées ramadanesques 4/30 : et si on crée une nouvelle politique agricole?
C'est vrai que notre agriculture souffre de plusieurs maux... C'est vrai que notre agriculture souffre d’une main d’œuvre non qualifiée, insuffisante, et une jeunesse qui fuit le secteur. C'est vrai qu'on note un environnement pénible dans le monde rural tant sur le mode de vie, les conditions de travail qu’au plan de l’insécurité qui y règne.
C'est vrai que les coûts de production ces dernières années sont élevés pour un marché volatile qui dépend des exportateurs et des marchés européens sans visibilité, et des marchés incertains. C'est vrai que nos agriculteurs ne disposent souvent pas d’assise financière pour supporter une année à crédit.
C'est vrai que le financement est un vrai casse-tête dans le secteur agricole et délaissé par les banques. C'est vrai qu'on est frappé de péon de fouet par les effets du changement climatique avec des sécheresses récurrentes. C'est vrai que les rendements par ha sont très bas, ceux de l’arboriculture et ceux des grandes cultures, notamment céréalières. C'est vrai qu'il nous faut un rajeunissement de la forêt d’oliviers et des palmiers dattiers. C'est vrai qu'il y a des soucis avec la plantation de nouvelles variétés d’oliviers exigeant une grande consommation d’eau et d’énergie et générant l’augmentation de la salinité. C'est vrai qu'on se pose des questions sur l’avenir pour l’agriculture en sec, mais aussi pour les zones irriguées.
C'est vrai qu'il y a des difficultés administratives et techniques afin d’intégrer les filières agricoles et agro-alimentaires avec des cahiers des charges bureaucratiques pour les industries alimentaires à adapter aux petits producteurs et potentiels exportateurs. Oui sur certains créneaux il existe peu d’exportateurs qui viennent à dominer les marchés, générant de fait une rente de situation. C'est vrai que les subventions sont concentrées chez les grands agriculteurs et les petits agriculteurs peinent à y accéder. C'est vrai qu'avec l’Europe on est dans une situation de concurrence déloyale. C'est vari qu'pn constate un problème de dégradation de la qualité par filière.
C'est vrai qu'on note l’absence de programmes de recherche et développement en lien avec les agriculteurs. C'est vrai que les statistiques agricoles ne sont pas assez fiables car l’agriculteur n’est pas considéré comme un opérateur économique officiel. C'est vrai que les problèmes du foncier et son morcellement posent de gros soucis de rentabilité faite de taille critique des exploitations.
Enfin, c'est vrai que l’administration, pourtant pléthorique, n’a pas évolué avec les mutations nationales et internationales du secteur agricole d’où un grave problème de gouvernance des pouvoirs publics du secteur.
Et pourtant il faut agir et vite. Il y a des actions à effet immédiat et aussi des actions dont les effets sont à moyen terme mais dont le démarrage est urgent.
Comment changer la situation de notre pays?
Parmi les actions à effet immédiat, on note la nécessité de la reprise immédiate des négociations avec l’Europe sans complexes en imposant nos vues avec de niveaux arguments, avec recherche de nouveaux marchés à l’export tels que la Russie, l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud Est, ceci concerne notamment la filière oleicole, les dattes et les agrumes, les grenades, pistaches… Il nous faut promouvoir les produits tunisiens à l’étranger par une campagne attirante et impactante par marché cible. Il faut sur le court terme approvisionner la filière céréalière des engrais et les moyens de stockage afin de protéger la récolte de cette année.
A moyen terme, il nous faut être ambitieux. Il faut équilibrer la balance alimentaire. Il faut aussi assurer l’autosuffisance en matière de blé et de corps gras. Pour réaliser cela, il faut que le secteur agricole rompe avec les politiques antérieures, et épouser de nouvelles conceptions, une modernisation s’impose. Il faut revoir la carte agricole en fonction des écosystèmes et l’adapter aux types de spéculations recommandés.
Il faut également, promulguer une loi en faveur du remembrement et qui casse avec le morcellement des parcelles. Il faut la cadastration des terres agricoles et donner des titres fonciers aux propriétaires privés tout en se penchant sur le dossier des terres domaniales et collectives d’une manière sérieuse. Il nous faut une nouvelle politique céréalière qui s’appuie en partie sur des semences locales.
De plus, il nous faut améliorer les rendements par un contenu technologique et scientifique, et notamment en lien avec les green tech et les start-up ayant développé des solutions pour le secteur. Il y a lieu de généraliser l’usage de l’eau d’irrigation provenant des stations de dessalement d’eau de mer utilisant l’énergie renouvelable. Il nous faut valoriser nos produits agricoles avec de la valeur ajoutée, de l’agriculture biologique à la permaculture, innovation et marketing territorial, en s’appuyant sur des coopératives de transformation de commercialisation.
Il est recommandé aussi de créer des structures par filière avec toutes les parties prenantes facilitant la syndication des coûts et l’accès aux marchés locaux et surtout internationaux. La banque nationale de l’agriculture devrait être astreinte à donner des crédits à la filière sa hauteur de 50% contre les 15% actuel. Il faut revoir la politique de subventions en ciblant les petits agriculteurs et facilitant leur accès par une stratégie de vulgarisation efficace à travers le recrutement d’ingénieurs agroéconomistes dont beaucoup sont au chômage actuellement.
Enfin, il faut s’atteler à améliorer les conditions de pénibilité du travail agricole et notamment auprès des femmes qui souffrent de conditions de transports et de non couverture sociale et d’assistance en cas de sinistre.
Pourquoi pas ?
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