À la COP 28, Dr Ismahane Elouafi du CGIAR dévoile les enjeux climatiques et les innovations pour une agriculture durable
La plus grande conférence sur le climat a débuté hier, réunissant des leaders mondiaux et des experts pour discuter des défis environnementaux pressants. Nous avons eu l'honneur de rencontrer Dr Ismahane Elouafi, la directrice générale exécutive du CGIAR, qui a partagé des perspectives éclairantes sur les risques, les enjeux et les innovations visant une agriculture moins émettrice de gaz à effet de serre et au service des populations.
Q1. A propos du stress hydrique et le changement climatique. Pouvez-vous nous expliquer comment ces facteurs influent sur la sécurité alimentaire mondiale ?
Le stress hydrique pousse de nombreux pays à chercher des solutions innovantes pour garantir la sécurité alimentaire de leurs citoyens. Le changement climatique est l'un des principaux moteurs de l'instabilité actuelle de la sécurité alimentaire, avec des taux élevés. Il est crucial de prendre des mesures urgentes pour remédier à la situation, car cela pourrait considérablement s'aggraver. Cependant, d'autres facteurs tels que l'injustice sociale mondiale, l'augmentation de la pauvreté et les conflits contribuent également à la faim dans le monde. Ainsi, transformer les systèmes alimentaires mondiaux est essentiel pour faire face à la crise climatique et à l'instabilité alimentaire. Introduire plus de durabilité dans nos méthodes de production, de transport, de commerce, de stockage et de consommation alimentaire peut contribuer à améliorer la nutrition mondiale et à protéger les revenus des personnes, créant ainsi une plus grande stabilité face à l'instabilité telle que les conflits.
Q2. La sécurité alimentaire est un sujet majeur lors des sommets des parties prenantes. Où en est actuellement cette discussion, et quelles avancées peut-on attendre de la COP 28 aux Émirats arabes unis selon vous ?
Le changement climatique et l'alimentation sont étroitement liés, et environ 780 millions de personnes dans le monde sont touchées par la faim. Nous encourageons fortement l'inclusion de l'alimentation comme un pilier clair de l'ordre du jour de la COP28. C'est la première fois que l'alimentation est clairement élevée dans les discussions sur le climat, ce qui est vital étant donné la connexion étroite entre les deux crises. Cependant, il reste beaucoup à faire au niveau mondial pour transformer le secteur agricole de manière permanente et réaliser un véritable changement à la fois alimentaire et climatique. C'est pourquoi CGIAR s'engage à mobiliser 4 milliards de dollars américains pour fournir des solutions aux crises climatiques et alimentaires, afin de répondre à l'ampleur du défi. Nous avons lancé une nouvelle initiative complète pour augmenter les investissements de 4 milliards de dollars à la COP28, annonçant récemment 890 millions de dollars de nouveaux financements. Pour plus de détails sur la façon dont la science peut transformer nos systèmes alimentaires, je vous encourage à visiter notre site.
Q3. Passons maintenant à l'intelligence artificielle dans l'agriculture. Comment envisagez-vous l'avenir de l'agriculture à l'échelle mondiale avec l'utilisation croissante de l'intelligence artificielle, et comment cela profitera-t-il aux pays pauvres?
La technologie, notamment l'intelligence artificielle, offre un potentiel énorme pour l'agriculture et l'alimentation. Les pays en développement peuvent directement adopter de nombreuses technologies, permettant un saut rapide vers l'innovation. L'intelligence artificielle peut jouer un rôle crucial en fournissant des informations et des conseils aux agriculteurs. Par exemple, CGIAR a développé une application basée sur l'intelligence artificielle capable de diagnostiquer les maladies ou les infestations de ravageurs dans les plantes de bananes avec une précision pouvant atteindre 90%. Cette application, appelée Tumaini, a commencé à changer la vie des agriculteurs dans 50 pays en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. En nous assurant que de telles technologies parviennent aux mains des petits agriculteurs du monde entier, nous travaillons à garantir leur accès et à maximiser les avantages de ces progrès.
Q4. Enfin, quelles sont les stratégies de votre réseau pour contribuer à orienter les pays pauvres vers la réalisation de leur sécurité alimentaire face aux défis climatiques ?
Le changement climatique représente un risque majeur pour la production alimentaire et les moyens de subsistance des agriculteurs. Pour maintenir les systèmes alimentaires et garantir la sécurité alimentaire, nous devons soutenir les producteurs vulnérables dans leur adaptation aux changements environnementaux. Cela comprend l'adoption de pratiques agricoles adaptées, l'utilisation de variétés et de souches résistantes au climat, l'intégration d'outils numériques fournissant des informations climatiques en temps réel, et l'utilisation de financements innovants pour soutenir les agriculteurs confrontés à des urgences climatiques. CGIAR cherche à mettre en œuvre ces solutions pour aider des millions de petits producteurs alimentaires dans les pays à faible revenu à renforcer leur résilience face aux chocs climatiques croissants.
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