Communiqué- Ce lundi, l'arrestation d'une actrice tunisienne, accusée d'adultère a fait le tour des médias, et a déclenché un véritable lynchage à son encontre, ainsi que des suppositions quant à son identité.
En Tunisie, l'article 236 du code pénal réprime : "L'adultère du mari ou de la femme [qui] est puni d'un emprisonnement de cinq ans et d'une amende de 500 dinars […] Le complice est puni des mêmes peines que la femme ou le mari coupable."
Nous, militantes féministes, estimons que de telles dispositions constituent une atteinte au droit à la vie privée, pourtant consacré par les conventions internationales ratifiées par la Tunisie.
Par ailleurs et bien que la formulation de l'article punit de façon égalitaire les deux conjoints, il est indéniable qu'en pratique, les femmes subissent une double peine : juridique, mais aussi celle infligée par le contrôle social.
La réintégration des ces femmes après leur incarcération est aussi beaucoup plus difficile que celle des hommes, dans une société patriarcale qui n'hésite pas à profiter de cette "faiblesse"/ de la situation et a les soumettre à toutes sortes de violences morales, psychologiques et économiques.
Il est d'ailleurs d'usage que les maris emploient l'article 236 pour faire chanter leurs femmes si elles trouvent le courage de demander le divorce ou de porter plainte pour violence.
Nous tenons à rappeler que l'Etat ne devrait pas s'immiscer dans l'intimité de ses citoyen.n.e.s, et ne peut en aucun cas s'accorder le droit de s'approprier les corps des femmes ou de les contrôler.
"EnaZeda" condamne également les médias impliqués dans leur façon d'appréhender le sujet ainsi que l'instrumentalisation qu'ils ont fait du patriarcat, sans considération pour la personne concernée et pour des buts purement lucratifs.
Enfin, nous affirmons notre entière solidarité vis à vis de cette actrice et contre les violences et la misogynie auxquelles elle fait face actuellement.
Notre révolution féministe continue.