Pourquoi ne pas revoir notre vison par rapport à la participation de l’Etat dans les entreprises publiques d’une manière sereine, pragmatique et loin de toutes idéologies? Il faut oser, dans ce cadre, se poser la question plus large sur le rôle de l’Etat.
Pourquoi ne pas avoir le courage de constituer un fond et non pas une agence de participation de l’Etat. Il s'agit d'un fond qui gère ces participations avec une gouvernance agile, et une gestion privée des des biens publics. Ceci doit être fait par des professionnels tunisiens qui ont fait leur preuve partout dans le monde en matière d’acquisition, fusion, cession et gestion de fonds et ils sont très nombreux à gérer des milliards de dollars au quotidien.
Pourquoi ne pas alimenter ce fonds par la cession des quelques pour cents que possède l’Etat dans des entreprises où il est minoritaire? Des banques? Des assurances? Et faire des levées de fonds avec ces subsides en utilisant les techniques les plus avancées en matière d’ingénierie financière faisant passer un milliard de dinars à 10 milliards de dinars par des montages éprouvées et participations de fonds multilatéraux ou souverains étrangers?
Pourquoi ne pas arrêter d’alimenter le déficit abyssal que connaît actuellement les 113 entreprises publiques par des ressources ordinaires du budget? Pourquoi garantir encore leurs crédits par l’Etat au pont de d’augmenter le risque pays par un engagement trop lourd de l’Etat et un endettement excessif?
Pourquoi ne pas se délecter des entreprises qui sont exposées à la concurrence du secteur privé et se concentrer sur l’amélioration des prestations de services aux usagers des entreprises dans les secteurs stratégiques tels que leu ou l’énergie électrique qui doivent rester dans le giron de l’Etat ?
Pourquoi ne pas procéder à des privatisations tests comme celle de SIPHAT ou autres entreprises encore rentables ou rentabilisables pour être vendues dans de bonnes conditions comme l’ont été jadis les cimenteries cédées à des prix très avantageux pour l’Etat en plus des externalités positives qu’elles ont connues, maîtrise de l’énergie, prix maintenus accessibles, innovation, valeur ajoutée, recrutement de cadres, revenus fiscaux élevés pour l’Etat…?
Pourquoi ne pas commencer à changer la gouvernance de ces entreprises publiques en séparant leur conseil d’administration de leur direction générale ?
Pourquoi ne pas sauver les 100 000 emplois actuels de ces entreprises publiques? Il ne s’agit pas de cost killing mais du développement du business de ces entreprises qui représentent 10% du PIB tunisien. Ces entreprises dont les dettes s’élèvent à 15% du PIB à elles seules, et dont le déficit cumulé dépasse les 6 milliards de dinars par an.
Pourquoi ne pas envisager un moratoire aux arrêts de travail et autres grèves dans ces entreprises et ne pas subir le dictat du FMI en cas d’accord avec le gouvernement tunisien mais prendre le taureau par les cornes, changer la politique défaillante des prix, assainir les finances, et arrêter les pertes annuelles ?
Pour ce faire il faut en urgence dresser une typologie fine de ces engrosses publiques et faire un traitement adapté en fonction dès caractéristiques propres à chaque type identifiés et gérer le changement, et la transformation au cas par cas.
Tout retard nous fait perdre notre souveraineté sur les décisions car demain elles nous seront imposées.