Idées ramadanesques 2/30: et si l’université tunisienne a comme première mission la préparation à la vie professionnelle?


 
Pourquoi ne pas donner à l’université tunisienne comme mission première la préparation à la vie professionnelle et que cela devienne l’un des axes majeurs du projet pédagogique de tout établissement d’enseignement supérieur au lieu d’être une fabrique d’enseignants du secteur public? Pourquoi ne pas donner à chacun directement, quel que soit son milieu d’origine, toutes les chances de trouver son domaine d’excellence, de se préparer aux métiers de demain et d’après-demain et de faire progresser le savoir.
 
Pour ce faire, il faut d’abord préserver nos étudiants de l’échec très fréquent lors de la première année de l’enseignement supérieur par une révision du dispositif d’orientation universitaire et par un accompagnement plus serré des étudiants qui rappelle celui dont ils ont l’habitude au lycée ou en classes préparatoires d’ingénieurs car souvent ils sont livrés à eux-mêmes.
 
Il serait judicieux de faire toute une année de stage découverte-initiation à la vie professionnelle lors du cursus universitaire pour chaque étudiant. Il nous aussi favoriser l’enseignement par alternance et les activités professionnelles chez les étudiants. Les entreprises doivent être incitées à recevoir et bien encadrer les étudiants stagiaires.
 
Il faut également, autonomiser les universités au niveau de leur gouvernance, mais aussi évaluer très régulièrement leurs performances sur le plan du succès des étudiants, la promotion des enseignants ainsi que l’employabilité au cas échéant des différentes cohortes des diplômés. Il faut renforcer ces évaluations par des audits réguliers et un contrôle académiques des enseignants, quantitativement (nombre d’heures réelles octroyées, travaux encadrés, etc.) et qualitativement (prévoir des mises à niveau des connaissances et méthodes pédagogiques).
 
Tout ceci nécessite une meilleure allocation du budget du ministère de l’enseignement supérieur. Il n’est pas exclu de recourir aux associations d’anciens diplômés afin de contribuer au financement des établissements universitaires. Il nous faut favoriser l’émergence de campus universitaires de standard mondial et éviter tout émiettement pour optimiser les ressources et disposer d’une masse critique qui permet un meilleur classement de nos universités à l’échelle mondiale.
 
A ce titre, il faut aussi ouvrir notre enseignement supérieur à l’international, et nos étudiants au monde. Il faut développer les cursus en langues étrangères, et continuer à accueillir des étudiants africains ou arabes voire européens. Ceci est très important.
 
Enfin, il faut rendre la recherche scientifique plus compétitive, avec financement sur projet et à la performance en total cohérence avec notre tissu économique national mais aussi en lien avec les chaînes de valeurs porteuses à l’international pour nos entreprises. Peut-être, faudra-t-il inciter les grands groupes à faire de la recherche privée en partenariat avec les laboratoires publics.
 
Un vrai chantier qui exige du courage et de la persévérance au delà des calculs corporatistes, avec une vision claire pour relever le défi du chômage des diplômés d’aujourd’hui et ouvrir la voie pour ceux de demain.