Il y a deux jours, une maman d'un confrère physiothérapeute m'a contacté pour me demander un conseil après avoir su que j'ai un bureau d'études et de formation en Kinésithérapie. Elle était angoissée par rapport à l'avenir de sa fille qui vient de fermer son cabinet faute de l'Etat d'une manière générale, et de la Caisse Nationale d'Assurance-Maladie (CNAM) en particulier.
En fait, cette fille a eu son diplôme de physiothérapie d'une Université privée, en 2018. Après trois années de travail chez des confrères de libre pratique avec un contrat SIVP et un autre, elle a eu une opportunité d'ouvrir son propre cabinet au gouvernorat, d'Ariana en investissant 60 milles Dinars via un crédit bancaire de la BTS. Mais malheureusement, sa fille vient de fermer son cabinet par manque de rentabilité. Elle n'arrive même pas à payer le loyer. Que dire alors le crédit bancaire? J'ai lui est expliqué qu'elle n'est pas la seule à fermer son cabinet ou à être trahit par la CNAM. Je lui ai rappelé également que durant les années 2017 et 2018, la CNAM a arrêté toute nouvelle convention avec les physiothérapeutes qui se sont installés en libre pratique. La discordance de la politique de l'état en matière de formation et emploi est responsable de ses échecs.
D'ailleurs, le nombre des diplômés en physiothérapie par année dépasse largement le besoin du marché, vu sa saturation et l'absence de recrutement dans la fonction publique. L'état Tunisien refuse d'appliquer la notion de numerus clausus en matière de formation et les universités privée ne tiennent pas compte de la réalité du marché d'emploi et inscrivent des étudiants sans limite. En plus du retard accumulé par la CNAM, le taux de remboursement est dérisoire, et la convention signée sur la base de 11D et 500 Millimes, date de plus que dix ans. Cette convention est devenue dépassée et obsolète. Ce que les responsables du Ministère des affaires sociales le savent déjà, mais ils font la politique de l'Autriche. Un simple calcul pour une étude de rentabilité d'un cabinet de kinésithérapie (loyer, équipement-consommable et charges) fixe le prix d'une séance de rééducation à pas moins de 30D, si on suppose que le physiothérapeute peut rééduquer 10 patients par jour à raison de 45 min la durée de la séance.
De même, le cahier des charges doit être allégé.. le matériel de poulie thérapie est encombrant et pas toujours utile... la barre parallèle n'est pas aussi utile... les adjuvants en électrothérapie coutent chers et le résultat n'est pas toujours concordant (thérapie occupationnelle). La vraie rééducation est manuelle.
Quand la CNAM fait son inspection et les cabinets investissent dans l'amincissement
En effet, la thérapie manuelle a fait preuve d'efficacité et elle est en vogue, partout dans le monde. Pourquoi devrons-nous exiger alors tout ce matériel dans le cahier des charges? Par ailleurs, la CNAM est en train de faire une inspection sur les cabinets par des médecins inspecteurs mais sans associer ni les associations ni les représentants des syndicats de libre pratique. C'est la raison pour laquelle, certains kinés font d'amincissement par des prises en charge destinées à la rééducation sous prétexte que l'amincissement n'est pas pris en charge.
C'est grâce à l'amincissement que les cabinets tournent et assurent l'équilibre du manque à gagner provenant de la rééducation fonctionnelle. La chirurgie esthétique n'est pas toujours un luxe alors que l'obésité et la gynécomastie sont de véritables maladies. Ces maladies ne sont pas prise en charge par la CNAM, et par compassion, certains kinés acceptent de rendre des services d'amincissement, pour faire plaisir à leurs patients dont le pouvoir d'achat est limité.
Bref, les lois doivent tenir compte des besoins de la société. LA CNAM fait l'oreille sourde et réduit même le nombre de séances prescrites par les médecins. Elle accumule des retards et elle ne rembourse pas à temps. Elle ne récupère pas notre argent chez la CNSS et elle agit avec ténacité contre le maillon faible: les professionnels paramédicaux de la santé et les retraités. Comment pourrons-nous sauvez les jeunes diplômés en physiothérapie?