Le rythme des procès et des suivis judiciaires à l'encontre des journalistes tunisiens est quasi quotidien. La période récente a enregistré la comparution de 34 journalistes hommes et femmes devant les tribunaux, créant une tendance officielle à harceler les journalistes et à les dénoncer, afin d'élaborer un environnement hostile au travail journalistique à travers l'influence croissante des milices Facebook, qui ont commencé à influencer les décisions officielles, sans oublier de mentionner l'exploitation ainsi que les mauvaises conditions et situations dans lesquelles la majorité des journalistes tunisiens exercent leur profession.
Il convient de noter que de nombreuses affaires portées contre les journalistes susmentionnés relèvent du décret 54, que les organisations de défense des droits de l'Homme et les partis politiques considéraient auparavant comme une menace pour la liberté de la presse, de publication, et exigeaient son retrait.
En plus d'autres affaires qui relèvent du champ d'application de la loi sur le terrorisme, du code des télécommunications et du code pénal. De nombreux journalistes font face à des accusations de diffamation, de complot contre la sûreté de l'État et d'acte atroce contre le président de la République, en raison de publications sur Facebook ou de déclarations dans les médias exprimant leurs critiques à l'égard des responsables de l'autorité actuelle.
Des journalites sans salaires à cause de la ligne éditoriale
Shems FM, qui a été confisquée par l'État après la révolution de 2011 et détient désormais 90 % de son capital, connaît le non-paiement des salaires de ses journalistes et techniciens depuis plus de deux mois.
Dans ce contexte, Amira Mohamed, vice-présidente du Syndicat National des Journalistes Tunisiens, a déclaré: "Il y a une tendance à affamer les journalistes de Shems FM à cause du mécontentement de l'autorité actuelle vis-à-vis de la ligne éditoriale de l'institution". Amira Muhammad a ajouté que le président de la République est responsable du non-paiement des salaires de Shems FM Radio. Parce qu'il y a une tentative de forcer les journalistes à être des porte-parole de la propagande ou de les affamer.
Il est à noter que le président Kais Saied a récemment exprimé son mécontentement à l'égard des médias diffusés par une station de radio dans laquelle l'État détient une part importante du capital, faisant allusion à Radio Shems FM, déclarant : "Les radios affiliées à l'État tunisien se sont transformées en plateformes déformant l'État et frappant la patrie... C'est un dernier avertissement à ceux qui agissent dans les coulisses, comme l'affaire de la radio, qui appartient en partie à l'État tunisien et s'est transformée en trompette".
Dans le même contexte, Khawla Sliti, chef de la branche du Syndicat des journalistes au Radio Shems FM, a indiqué avoir été contacté dans la période récente par les intérêts de la Présidence de la République et avoir reçu des promesses positives d'améliorer les conditions de station de radio, mais les conditions de travail se sont encore détériorées au point que la station de radio ne peut pas continuer en raison du non-paiement des salaires et de la rupture des contrats de travail de certains journalistes et ouvriers.
Elle a ajouté qu'il y a un effort pour vider la radio de son contenu, bien qu'on respecte l'existence d'opinions et d'orientations différentes, qu'elles soient opposées ou favorables à l'autorité.
Une journaliste en prison sans indices solides
S'agissant des conséquences judiciaires des journalistes hommes et femmes, le Syndicat des journalistes tunisiens a indiqué que la journaliste Chadha Haj Mbarek est en prison sans preuves sérieuses ni soupçons la condamnant dans l'affaire dite "Instalingo". Selon Mohamed Yassine Jlassi, président du SNJT, Chadha n'a rien à voir avec les crimes qui lui sont attribués, et elle est victime de règlements de comptes politiques et de soumission du pouvoir judiciaire au chantage des milices électroniques.
Il est à noter que le premier juge d'instruction du deuxième bureau du tribunal de première instance de Sousse avait précédemment décidé de rejeter les charges retenues contre la journaliste Chadha Haj Mbarek le 19 juin 2023, après qu'elle ait été inculpée d'"incitation à la sûreté de l'État", "forcer les habitants à s'affronter avec des armes", et "provoquer des troubles, des combats, changer le corps de l'État et commettre un acte abominable contre le chef de l'État". Cependant, les autorités sont revenues pour lui arrêter le 22 juillet 2023, et elle est maintenant à la prison de Mesadine à Sousse.
Le Syndicat national des journalistes tunisiens a demandé sa libération, indiquant que la décision de clore l'enquête sur l'affaire disculpait et réhabilitait Haj Mbarek, et stipulait clairement qu'il n'y avait aucune preuve prouvant son implication dans l'affaire précitée.